En coulisse avec nos créatrices : Lalo Salaün
Laurence Salaün dite Lalo est une artiste dont l’univers poétique et envoûtant ne laisse pas indifférent. Elle nous reçoit aujourd’hui dans son atelier parisien avec une pointe d’excitation et beaucoup d’humilité, pour nous parler des coulisses du métier, de la passion qui rythme son quotidien et des cheminements tortueux qui mènent à de si jolies créations.
Quel est ton parcours ?
Après un Bac Littéraire option Arts plastiques, j’ai commencé à travailler dans une agence de design. Il s’agissait d’une petite structure au sein de laquelle j’ai pu toucher à tout. Petit à petit, je me suis dirigée vers ce qui me plaisait le plus et j’ai glissé vers le graphisme. Beaucoup de mes amis de l’époque étaient aux Arts déco, je gravitais dans un milieu artistique. Et puis un jour, j’ai commencé à créer moi aussi.
Sur quel type de créations travailles-tu ?
Je fais de la photo, de la peinture et aussi beaucoup d’encre de Chine.
J’aime ce qui est monochrome, ce qui est contrasté et dans cette perspective, je travaille souvent le noir et blanc.
Pourquoi ce parti pris du noir et Blanc ?
Mon père était journaliste et prenait beaucoup de photos en noir et blanc avec son Rolleiflex. Il rapportait des planches contact et nous nous penchions dessus pour choisir les meilleures photos. J’ai gardé de cette période un amour immodéré pour le noir et blanc. J’ai le sentiment que cela permet de s’affranchir du superflu et de toucher à l’essentiel.
Qu’est-ce que tu aimes en particulier dans ton travail d’artiste ?
J’aime faire, essayer, tâtonner, expérimenter. J’aime aussi regarder l’encre de Chine infuser le papier : d’abord la transparence de l’eau, puis la diffusion des touches d’encre ici et là et enfin, la surprise du dénouement.
Et puis j’aime beaucoup la frontière entre l’abstrait et le réalisme. Par exemple, lorsque je réalise des fleurs à l’encre de Chine, il y a l’idée d’une fleur mais celle-ci n’existe pas vraiment dans la nature. J’aime cette ambiguïté.
Quelles sont tes inspirations ?
Mes influences sont multiples. Je m’intéresse beaucoup à la calligraphie chinoise, japonaise. Parmi les artistes qui me touchent figurent Zao Wou-Ki, Miquel Barceló, Zoran Mušič, Jean Degottex… J’ai également été très inspirée par un voyage en Islande il y a quelques années. Le contraste entre la neige et le sable noir donnait un aspect lunaire aux paysages.
Et puis il y a Belle-Île-en-Mer. J’y vais régulièrement et la splendeur des bords de mer m’a donné l’envie d’explorer des paysages plus figuratifs.
Comment est née cette passion pour l’encre de Chine ?
Je pense avoir eu un déclic en découvrant il y a quelques années le travail d’une artiste pour laquelle j’ai eu un vrai coup de cœur : Joëlle Bondil. J’avais acheté à l’issue de son exposition un petit dessin qui me plaisait beaucoup, une silhouette à l’encre de Chine. Peu de temps après j’ai commencé à travailler l’encre de Chine, j’avais complètement oublié ce dessin. En le redécouvrant 6 mois plus tard, j’ai réalisé que je m’en étais inspirée sans même m’en rendre compte. Créer, c’est vraiment cela : se nourrir de ce qui nous entoure et délivrer quelque chose de personnel.
Quels sont tes secrets de fabrication ?
Je n’en ai pas vraiment, j’expérimente beaucoup.
Lorsque, par exemple, je réalise des personnages à l’encre de Chine, je commence par tracer une silhouette avec de l’eau – soit transparente – soit légèrement grisée. Puis je viens mettre des touches d’encre par endroit pour modeler la silhouette. Parfois aussi, je peux ajouter de l’acrylique blanche sur l’encre de Chine encore humide. La peinture va alors se diffuser en suivant le chemin tracé par l’encre et créer des effets de contrastes.
Pour la collection de cartes postales que vous trouverez chez Hiyori, c’est une tout autre démarche. Je sélectionne des photos, j’isole le sujet et je travaille le fond avec une couleur monochrome. J’ai réalisé toute une série de fleurs.
Et puis je me souviens être allée visiter un aquarium et avoir fait face à un énorme écran avec des méduses luminescentes. C’en était presque hypnotique.
Je les ai prises en photo, puis je les ai retravaillées en jouant sur un contraste bleu et blanc. Le résultat m’a plu et j’ai finalement réalisé une collection complète dédiée aux animaux marins.
Quel est l’objet déco qui te fait rêver chez Hiyori ?
Le problème avec Hiyori, c’est que j’aime tout. J’ai toujours adoré chiner, j’aime les objets insolites. Et chez Hiyori, il y en a à foison. Impossible donc, de n’en choisir qu’un ! Céline choisit les objets avec beaucoup de soin et propose quelque chose de très harmonieux. Et puis elle donne la possibilité à des artistes et artisans locaux de présenter leurs œuvres. C’est une vraie chance de pouvoir bénéficier de ce type de vitrine.
Si tu devais définir tes créations en 1 mot ?
J’aime le mot Empreinte. Il y a bien sûr l’idée de laisser une empreinte. Mais aussi le fait d’emprunter à d’autres, de s’inspirer, de se nourrir de différentes influences pour restituer notre propre empreinte.
Reportage Mathilde Colas
Détail du travail graphique sur des encres de chine.